Plusieurs acteurs de la filière agrivoltaïque lancent aujourd’hui, 9 juin 2021, l’association France Agrivoltaïsme. Voici quelques éléments de contexte. Ils sont issus notamment d’un article écrit pour le journal Energie Plus, édité par l’ATEE, en mars 2021 et parus dans le numéro 661.
Ils sont cinq à ce jour pour créer l’association France Agrivoltaïsme. Deux entreprises conceptrices et installatrices de solutions d’agrivoltaïsme, REM Tec et Sun’Agri. Le bureau d’ingénierie en énergie solaire Kilowattsol. Le développeur et producteur d’énergie Altergie Développement. Et enfin Râcines, la plateforme de financement dédiée aux projets agrivoltaïques. C’est la première association de promotion et de défense de l’agrivoltaïsme regroupant les filières énergétique, agricole et agroalimentaire, le monde académique ainsi que les secteurs financier et assurantiel.
Antoine Nogier, président de Sun’Agri et de France Agrivoltaïsme, affirme que l’association a pour but de « maintenir une ambition forte des mécanismes de soutien à l’agrivoltaïsme ». En clair, elle veille à ce que la définition de l’agrivoltaïsme reste exigeante. C’est un défi, à l’heure où les ambitions de certains énergéticiens pourraient rendre extensible ce concept encore flou. Y faire entrer notamment toute une série de solutions ressortant plus de la centrale solaire au sol classique que d’une synergie entre production électrique et production agricole.
27 000 ha
La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) annoncée en 2018 prévoit pour le solaire photovoltaïque 35,6 à 44,5 gigawatts (GW) de puissance installée en 2028. Les énergéticiens ont fait leurs calculs : il faudrait installer 17 GW au sol. Cela représente jusqu’à 27 000 ha à couvrir de panneaux solaires, selon Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Il détaillait ces calculs lors d’un webinaire organisé le 15 décembre 2020 par le SER sur « l’énergie photovoltaïque dans le monde agricole ».
Tension sur le foncier
« Il faut donc trouver le moyen de déployer du photovoltaïque sur un peu plus que les 9% du territoire français qui sont artificialisés », estime Xavier Daval, président de SER-Soler, la branche solaire du SER, et de Kilowattsol.
L’argumentation des promoteurs du solaire se heurte à l’inquiétude de nombre d’agriculteurs. « 27 000 ha, ce sont 225 exploitations agricole. Ce sont donc 225 jeunes qui demain ne pourront pas s’installer si l’on ne fixe pas de cadre précis », s’inquiétait par exemple Maxime Buizard Blondeau, président du syndicat Jeunes Agriculteurs du Loiret, pendant le webinaire du SER.
Les enjeux sont multiples : maintien d’une production alimentaire, transmission et pérennisation des exploitations, montage juridique des projets, accompagnement des agriculteurs qui adaptent leur production, etc.
Du côté des chambres d’agriculture, le refus de tout projet qui remette en cause la vocation agricole d’une terre est net. Surtout face à la multiplication des centrales au sol sur terrains agricoles ou forestiers.
Production agricole principale
Selon Antoine Nogier, président de Sun’Agri, l’agrivoltaïsme n’est pas un partage d’espace où chacun, agriculteur comme énergéticien, fait un compromis en acceptant une diminution de sa production propre. Au contraire, « nous voyons cela comme un nouvel outil de protection des cultures destiné à améliorer la production agricole. Il n’y aurait pas besoin d’agrivoltaïsme si le climat ne changeait pas ». Excès d’ensoleillement, grêle, vent… Les installations photovoltaïques pourraient réduire un certain nombre des stress vécus par la plante.
Reste que la définition de l’agrivoltaïsme est encore en train d’être construite et ne se limitera peut-être pas à des solutions « dynamiques » asservies aux besoins de la plante. Les centrales au sol ou ombrières fixes associées à du pâturage ou de la culture de fourrage pourraient rentrer dans la définition des systèmes dits agrivoltaïques. De même que des serres et du PV sur toiture. La définition pourrait donc être relativement vaste.
Appétits et PPE
Du côté des énergéticiens, les espoirs sont grands. « Je pense que l’agrivoltaïsme est pour beaucoup un moyen de trouver de nouvelles terres dans le sud de la France. C’est là qu’il y a les meilleurs ensoleillements », estime Arthur Omont, vice-président chez la société de conseil Finergreen.
Outre des start-up comme Sun’Agri, des filiales de géants comme Total Quadran, EDF Renouvelable se positionnent sur le marché, dont aucun acteur ne veut être exclu. Pour Arthur Omont, « l’agrivoltaïsme insuffle une nouvelle dynamique sur le marché photovoltaïque français. Avec d’autres, cela fera partie des solutions pour espérer atteindre la PPE ».