Violences faites aux femmes : un projet qui mêle slam, danse et cinéma

Violences faites aux femmes : un projet qui mêle slam, danse et cinéma

Je porte actuellement un projet de film qui mêle slam et danse. Intitulé « Face à face », il traite des violences faites aux femmes.

Des femmes d’horizons variés sont face caméra, dans l’espace public. Par le biais de slams et de chorégraphies dansées, elles racontent, expriment et dénoncent des violences subies dans leurs corps pour le simple fait d’être fille ou femme.

L’idée du film « Face à face » est née de la performance « Un violeur sur ton chemin » (Un violador en tu camino) du collectif féministe chilien Las Tesis. Ce groupe d’artistes activistes a su mettre des mots simples et des gestes efficaces sur les violences faites aux femmes. Elles ont donné naissance à une chorégraphie et à un texte mi-chanté mi-scandé qui a fait le tour du monde.

Du choc de cette rencontre avec la performance de Las Tesis est né un désir de création. J’ai souhaité approcher avec mes outils – le cinéma, et plus précisément le cinéma documentaire – la thématique des violences faites aux femmes. Pour cela, j’ai décidé de donner la parole et l’espace sur ce sujet à des anonymes. Mais, plus qu’un film documentaire classique, qui tendrait un micro pour recueillir un témoignage, j’ai choisi la forme du film participatif et artistique. Les femmes qui participent au projet sont invitées à exprimer leur ressenti, leur expérience des violences soit sous la forme d’un slam, soit par une danse.

Marie Martias anime les ateliers de slam

Le choix du slam se justifie par son côté déclamatoire. Il s’agit d’une prise de parole publique, face à la caméra. Y ajouter de la danse m’a paru porteur de sens, pour inclure les femmes qui voudraient s’exprimer sur le sujet mais sans vouloir ou pouvoir mettre des mots sur leur vécu.

Ce film est pour moi une expérimentation. J’explore une nouvelle manière de faire surgir la parole et le récit.

Le court-métrage reposera sur deux principes.

Le premier principe est thématique.

Les slams ou les performances dansées portent sur des violences subies dans leur corps par les participantes. Une agression, interdiction, obligation subie ou ressentie dans leur corps et imposée par un père, un mari, un frère, un cousin, un maître. Je ne ferme pas les yeux sur les violences que peuvent exercer des femmes sur d’autres femmes ou sur des hommes. Toutefois, ce n’est pas le sujet de ce travail. Je choisis de me concentrer sur les violences enfantées par le système patriarcal dans lequel nous vivons. Agression sexuelle, mariage forcé, violences conjugales… le spectre est large et les thèmes traités sont choisis par les participantes elles-mêmes.

Le second principe est formel.

En juin 2022, aura lieu la réalisation du court-métrage grâce notamment au tournage des performances (des slams et chorégraphies préparées en ateliers). Ce tournage se fera dans l’espace public.

La plupart du temps, les filles et les femmes subissent des violences dans une intimité – une chambre, un appartement, un bureau, une cuisine, un cabinet médical. Prendre la parole dans l’espace public, dans la rue, c’est faire sortir ces faits de l’intime. C’est les exposer au grand jour. C’est sortir du secret et cesser de les considérer comme des faits divers, des incidents, et les appréhender au contraire comme des aspects prégnants de notre vie sociale. Prendre la parole en public, c’est aussi exprimer leur caractère systémique.

Prendre la parole dans la rue, c’est aussi une forme de reconquête de l’espace public et du pouvoir.

Dans le cadre du film, pendant plusieurs mois, les femmes sont donc invitées à participer à des ateliers artistiques pour exprimer cette violence et leur ressenti, soit par l’écriture, soit par la danse. Ces ateliers se déroulent les lundis après-midi (13h45-16h45) à Paris 12è, entre janvier et juin 2022.

Si vous voulez y participer, rejoignez-nous ! Ecrivez-moi à carolinemorange@yahoo.fr

Et découvrez des actualités et de petites vidéos des ateliers sur le compte Instagram du projet.

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