Mi-mars 2016, l’exercice de grande ampleur Sequana a été organisé en Île-de-France pour se préparer à une inondation majeure de la Seine. Des centres de gestion de crise ont alors été mis en place par les pouvoirs publics. J’ai pu en visiter un certain nombre, suivant leurs travaux heure par heure. D’où un excellent aperçu de ce qui se produit aujourd’hui pour de vrai.
Cette publication est issue d’un reportage publié par le journal Techni.cités dans son numéro 293 (6 mai 2016) et qui peut être consulté en intégralité ici (sur abonnement).
En cas de crise – que ce soit une inondation, un incendie, une pandémie… -, la structure de commandement suit l’organisation territoriale. Les différents échelons sont activés au fur et à mesure que la gravité de la crise augmente, du niveau communal au niveau interministériel.
-CIC : Cellule interministérielle de crise du Premier ministre
-CCZ : centre de crise zonale, pour l’Île-de-France. Ailleurs, il s’appelle COZ : centre opérationnel zonal. Cellule de crise du préfet de zone.
-COD : centre opérationnel départemental. Cellule de crise du département.
-PCC : poste de commandement communal.
Les images qui suivent ont été réalisées tout d’abord au centre de crise zonale pour l’Île-de-France; puis au centre opérationnel départemental des Hauts-de-Seine; puis au poste de commandement communal de l’Île-Saint-Denis. L’exercice Sequana s’est joué sur deux semaines : au cours de la première semaine s’est jouée la crue, alors qu’au cours de la deuxième semaine s’est jouée la décrue. Il y avait des sauts temporels : le deuxième jour de la deuxième semaine, les joueurs étaient déjà passés au J+30 après le pic de crue.
Exercice Sequana au centre de crise zonal pour l'Île-de-France
Le centre de crise zonal est dirigé par le secrétariat général de la zone de défense et de sécurité (SGZDS) de la préfecture de police de Paris. Il est chargé de coordonner les actions pour toute l’Île-de-France. Y sont réunis des représentants des réseaux structurants et des membres du secrétariat général.
Exercice Sequana au centre de crise zonal : webconférence
Visio-conférence entre le centre de crise zonal de la préfecture de police de Paris et la cellule de crise interministérielle, qui joue aujourd’hui l’exercice.
Exercice Sequana au centre de crise zonal : transports
Dans le cadre de l'exercice Sequana, une partie du réseau de transport franciliens avait été (fictivement) fermée. Le scenario indiquait la montée des tensions dans une gare, certains usagers excédés devenant violents. Les représentantes de la SNCF et de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne devaient imaginer leur réponse, qui fut en l'occurrence d'envoyer (fictivement) les forces de l'ordre dans la gare en question.
Exercice Sequana dans la préfecture des Hauts-de-Seine : des observateurs
Pendant l'exercice Sequana, des observateurs variés ont cherché à tirer profit de l'événement pour s'inspirer des méthodes mises en place et des questionnements générés.
Exercice Sequana dans la préfecture des Hauts-de-Seine : cellule collectivités
Dans le centre opérationnel de la préfecture des Hauts-de-Seine, pendant l'exercice Sequana les collectivités avaient pour contact Vincent Marchand, le président de l'association des maires des Hauts-de-Seine (AMD92). Il était aidé d'un stagiaire de la préfecture.
Exercice Sequana dans la préfecture des Hauts-de-Seine : réunion opérationnelle
Régulièrement tout au long de la journée, les différentes cellules du centre opérationnel de gestion de crise du département des Hauts-de-Seine sont réunies autour du préfet ou de son (en l'occurrence, de sa) représentant(e). L'occasion d'échanger les dernières informations, de mutualiser les moyens, d'informer le préfet de la situation, de lui demander éventuellement de mettre à contribution des moyens de gestion régaliens. Par exemple de faire intervenir l'armée.
Exercice Sequana dans la préfecture des Hauts-de-Seine : Cellule communication
La cellule communication de la préfecture elle aussi s'est préparée à gérer une crise majeure.
Exercice Sequana dans la préfecture des Hauts-de-Seine : la cellule télécom
Maintenir au maximum un bon fonctionnement des réseaux télécom est une priorité en cas de crise, ne serait-ce que pour assurer la communication entre les services de gestion de crise, ou encore entre les services de secours et d'assistance. Tous les réseaux sont alors mis à contribution. Y compris des appareils tels que celui posé à droite sur la table, et qui n'a pas pu être identifié par l'équipe présente dans la salle.
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis : situation normale
Dans le scenario de l'exercice Sequana, la commune de l'Île-Saint-Denis aurait par endroit été recouverte de deux mètres d’eau. La mairie (le beau bâtiment orné d'un clocheton à gauche de l'image), aurait été un moment totalement entourée d’eau. Surélevée, elle n'aurait toutefois pas vu ses bureaux inondés. La cellule de crise s'y est installée.
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis : Cellule de crise
La commune de l'Île-Saint-Denis a réuni une cellule de crise dans sa belle salle des fêtes. Les équipes ont participé massivement à l'exercice.
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis : des dégâts potentiellement énormes
A J+30, selon le scenario de l'exercice Sequana, la ville de l'Île-Saint-Denis, installée sur une île oblongue sur la Seine, panse ses plaies. Certains bâtiments ont eu à subir (fictivement) près de deux mètres d’eau. La cellule de crise est toujours active dans la mairie.
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis
Pendant l'exercice Sequana, la préfecture envoie peu à peu des « fiches de travail », rédigées par l’animatrice du jeu pour la commune, Stéphanie Dietzi. Elles posent des hypothèses de travail - une école a été inondée, par exemple
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis : Jouer la décrue
Lorsque je me suis rendue dans la cellule de crise, les participants jouaient la décrue. Au programme: assurer la reprise de la scolarité des enfants alors qu'une école avait été (fictivement) inondée, gérer les décès éventuels alors que le cimetière était sous l'eau, reprendre une vie normale après le choc... et assurer l'archivage des événements afin de garder la mémoire de l'inondation.
Exercice Sequana à l'Île-Saint-Denis : gérer la décrue
« Il faut recruter un responsable travaux dès maintenant ! Il faudra faire le diagnostic de tous les dégâts, changer toutes les installations électriques qui ont été dans l’eau » s’inquiète la directrice du patrimoine, Salma Ayed, pendant l'exercice Sequana qui s'est déroulé en mars 2016
Quelques chiffres sur Sequana:
-Du 7 au 18 mars 2016
-Sept départements de la couronne parisienne, une soixantaine de communes et de nombreux partenaires publics ou privés (gestionnaires de réseaux, entreprises…) ont joué
-De 5,5 m d’eau à Austerlitz le premier jour de jeu à 8,13 mètres pour le pic de crue pendant le week-end.
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