Que deviennent les eaux de pluie une fois qu’elles ont ruisselé sur les toits, les trottoirs, les rues ? Cela dépend : parfois elles rejoignent un réseau, parfois elles sont infiltrées dans le sol ou amenées jusqu’à un bassin d’agrément. La deuxième solution, la « gestion à la parcelle », est bien préférable. Mais comment faire ? Quelques éléments de réponse nous sont apportés par des techniciens, sur les installations qu’ils ont conçues et qu’ils gèrent.
En France, en grande majorité les réseaux d’eaux usées sont « unitaires » : ils accueillent à la fois les eaux usées venant des habitations et des entreprises, et les eaux pluviales. Ce système pose divers problèmes. Lorsqu’il pleut, les eaux pluviales diluent les eaux usées, ce qui rend le fonctionnement des stations d’épuration plus difficile : les bactéries épuratrices n’ont plus assez à manger, elles sont elles-mêmes diluées dans un volume d’eau plus grand. En outre, s’il pleut beaucoup, les réseaux risquent de déborder. Pour limiter les inondations en centre-ville, les opérateurs préfèrent donc rejeter dans les rivières des eaux usées non traitées. C’est autorisé, dans certaines limites, par la réglementation (soit dit en passant: s’il pleut beaucoup, il vaut mieux éviter de se baigner ces jours-là – cela dépend évidemment du fonctionnement de la station d’épuration locale et de son lieu de rejet…).
Changer les pratiques
Pour ne plus renvoyer les eaux pluviales dans les égouts, deux solutions: construire des réseaux dits séparatifs, avec un réseau pour les eaux usées et un autre pour les eaux de pluie ; ou infiltrer les eaux pluviales « à la parcelle », c’est-à-dire là où la pluie est tombée. Ces « solutions alternatives » à la gestion des eaux pluviales sont de plus en plus mises en œuvre et sont encouragées par les autorités. Mais pour les faire naître, il faut souvent que divers services municipaux et professionnels qui les accompagnent changent leur manière de penser. Ils faut aussi qu’ils travaillent ensemble : services de la voirie, des espaces verts, de l’assainissement, urbanistes, aménageurs… Il faut aussi vaincre les craintes sur le fonctionnement des installations – autant celui des réseaux est maîtrisé, autant celui des « solutions alternatives » paraît plus innovant et pas forcément clair.
Concevoir, gérer, analyser
Pour les accompagner, des visites de terrain sont souvent organisées par des organismes divers. A l’image du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, qui invite régulièrement élus et techniciens à visiter des installations et rencontrer ceux qui les ont conçues. En septembre 2015, ils m’ont invité à les suivre.
J’en ai profité pour réaliser quelques petites vidéos, qui ne donnent qu’un rapide aperçu de la richesse des échanges de la journée.
Elles sont organisées en trois parties, que je dévoilerai petit à petit au cours des jours qui viennent:
Vidéo 1. Concevoir une installation de gestion alternative des eaux pluviales
Vidéo 2. Entretenir
Vidéo 3. Analyser et améliorer les techniques
Pour aller plus loin, quelques chiffres :
En France, le réseau unitaire comprenait environ 97 000 km de canalisations en 2008.
Il est surtout présent dans les petites communes (moins de 400 habitants) ou à l’inverse dans les communes de plus de 50 000 habitants, dans les centres-villes anciens.
La part du réseau unitaire régresse au profit du réseau séparatif : en 10 ans, le réseau unitaire a diminué de 1,2 % et le réseau séparatif (toutes canalisations confondues) à augmenté de 8,3 %.
En 2008, le réseau séparatif compte plus de 200 000 km de canalisations pour la collecte des eaux usées et un peu plus de 95 000 km pour la collecte des eaux pluviales.
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