Eau de Paris* a présenté à la presse le 19 mars 2015 un programme d’investissement pour 2015-2020 de 450 millions d’euros, soit 7% de plus que sur l’ancienne mandature. « Tout en maintenant le prix de l’eau », précisait d’emblée Régine Engström, directrice générale d’Eau de Paris.
Ce programme d’investissements appelle quelques commentaires.
Dans les détails, la plus grosse part soit 250 millions d’euros est prévue pour optimiser les performances des installations. Les plus grosses dépenses concerneront les réseaux d’eau (cliquer ici pour voir un schéma du réseau), et notamment les 2050 km de réseaux sous pression qu’exploite la régie: ils se verront attribuer 65 millions d’euros. 31 millions concerneront les conduites de transport.
Renouvellement des canalisations : dans la norme
Le taux de renouvellement des réseaux visé est de 0,6 à 0,8% du linéaire par an. C’est dans la norme des taux de renouvellement français, qui est souvent pointé comme insuffisant. D’après les chiffres du rapport Cador (2002) Le patrimoine en canalisations d’AEP en France, cités par l’association des fabricants de tubes Canalisateurs de France, « aujourd’hui, le taux de remplacement des canalisations usées est en moyenne de 0,6% par an. A ce rythme, on considère qu’il faudrait environ (…) 140 ans pour renouveler les réseaux d’eau potable« . Or la durée de vie d’une canalisation est bien inférieure à cela.
Améliorer la qualité
Second poste de dépense: 145 millions d’euros concernent la qualité de l’eau et la relation à l’usager: le comptage, la facturation, le conseil. La régie fournit aujourd’hui de l’eau potable à plus de 3 millions de personnes. C’est aussi à ce poste que sont imputés les travaux de modernisation de l’usine d’Orly, la reconstruction du décanteur de l’usine de Joinville (qui traite la turbidité de l’eau), et la construction d’une installation de traitement par UV des eaux arrivant dans Paris par l’aqueduc du Loing.
La modernisation d’Orly consiste notamment à créer une double filière, afin que la moitié de l’usine puisse fonctionner lorsque des travaux sont entrepris sur l’autre moitié. Actuellement, lorsqu’il faut effectuer des travaux d’envergure, toute l’usine s’arrête, alors qu’elle produit en moyenne près de 140 000 m3 d’eau par jour, soit environ un tiers de toute l’eau distribuée par Eau de Paris.
Des usines sous-exploitées… pour plus de sécurité
Un point apparemment surprenant: les installations d’Eau de Paris fonctionnent en général à seulement la moitié de leur capacité! L’usine d’Orly, par exemple, pourrait monter jusqu’à une production de 250 000 m3 par jour, mais elle ne produit généralement que 140 000 m3. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord assurer la production en période de pointe (canicule…). La consommation d’eau par les clients d’Eau de Paris peut monter jusqu’à 780 000 m3 journaliers… Mais aussi sécuriser la distribution, si une pollution touche une zone de captage ou un équipement doit être fermé pour entretien.
Baisse des consommations
A noter aussi la baisse des consommations, qui se poursuit. Eau de Paris a fait ses projections d’investissement en tablant sur une diminution de 1% par an de la consommation par ses clients. Une étude est en train d’être lancée par l’Astee (association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement) pour évaluer plus précisément cette évolution.
« Nous nous rendons compte que nous connaissons mal les déterminants de la consommation: les zones qui se densifient, les effets du changement climatique… » explique Régine Engström.
Une étude qui ne fait que commencer, et dont les résultats ne seraient donc publiés que dans plusieurs années.
*Eau de Paris est la régie municipale en charge de la production et de la distribution de l’eau dans Paris.