Il est fréquent d’entendre et de lire que les nanomatériaux, en raison de leur toute petite taille, seraient capables de franchir les barrières naturelles des cellules ou des organes. « C’est faux », répond Nathalie Thieriet, chercheuse à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Et de fustiger les généralisations.
Aujourd’hui, huit caractéristiques différentes sont utilisées pour décrire un nanomatériau: taille, surface, surface spécifique, forme… « Si un paramètre change, ce n’est pas le même nanomatériau. Plutôt que d’utiliser le nom chimique d’un nanomatériau pour le définir (« le » dioxyde de titane, par exemple), il faudrait utiliser ces huit caractéristiques physico-chimiques », expliquait Nathalie Thieriet lors d’une réunion à Paris du forum Nanoresp, qui rassemble régulièrement chercheurs, membres de la société civile, industriels…
De nombreuses études notent l’accumulation de certains nanomatériaux dans certains organes. Mais selon Nathalie Thieriet, ce n’est pas parce qu’une étude conclut que certains nanomatériaux traversent, par exemple, la barrière hémato-encéphalique (pour passer dans le cerveau), que tous les nanomatériaux de la même famille en sont capables. Et il est donc impossible de dire que, d’une manière générale, les nanomatériaux ont cette tendance à franchir les barrières naturelles.
« A ce jour, nous n’avons pas trouvé de mécanisme toxique spécifique à tous les nanomatériaux », soulignait de son côté Catherine Mouneyrac, chercheuse à l’Université de Nantes. Comme avec de nombreux autres polluants comme les métaux, s’il y a toxicité induite par les nanoparticules, il s’agit la plupart du temps d’un stress oxydant. Cela peut déboucher sur une génotoxicité, par exemple. Mais les incertitudes sont encore immenses: « nous essayons notamment de relier ces paramètres physico-chimiques aux effets de toxicité ».