Le ministère de l’Environnement vient de rendre publics les résultats d’un concours de datavisualisation des pesticides dans les eaux souterraines, organisé avec le BRGM, l’Agence Française pour la biodiversité et Étalab.
Trois produits numériques capables de mettre à disposition des clés de compréhension simples concernant l’impact de l’usage des pesticides sur les territoires ont été retenus. Ils sont décrits dans le document ci-joint (pdf), qui donne aussi accès à leurs sites Internet respectifs.
Mais ce qui m’a le plus intéressé, personnellement, était l’un des « coups de cœur du jury » : Data-Pesticides. Peut-être parce qu’il était plus intuitif, plus agréable visuellement. Peut-être aussi grâce aux petits boutons « Normes non respectées », qui fait aussitôt ressortir 478 stations, et « max :21,896 µg/L » qui met en valeur la commune de Corbeilles dans le Loiret (45).
Bentazone champion
En effet, ce travail révèle qu’en 2014, dans la station de Corbeilles (Loiret), la concentration totale en pesticides était en moyenne de 21,896 µg/L, soit +1 065,9% par rapport à la moyenne nationale. Ce record n’est pas celui d’une seule année, la station parvenant à atteindre le maximum national de la concentration en pesticides plusieurs années de suite.
L’eau analysée dans cette station était donc impropre à la consommation en 2014. Parmi les pesticides qui ont été retrouvé dans cette station et dépassaient le seuil maximal de 0,1µg/L figure le bentazone avec 6,353 µg/L. C’est « un herbicide sélectif de post-émergence utilisé couramment dans le secteur agricole contre les mauvaises herbes à feuilles larges », nous dit le Parlement européen. Il précisait par ailleurs dans un communiqué du 23/11/2016 : « L’autorisation européenne de l’herbicide bentazone, qui expire le 30 juin 2017, ne devrait pas être renouvelée tant que sa sécurité n’aura pas été confirmée (…). Les députés soulignent que le bentazone peut facilement atteindre les eaux souterraines, et pourrait être toxique pour la reproduction humaine. La Commission européenne a cependant proposé de renouveler son autorisation jusqu’au 31 janvier 2032, soit la durée maximum possible, tout en demandant de nouvelles données relatives à la sécurité du bentazone.
De retour sur l’outil de datavisualisation lauréat du concours, Phyt’eau viz, j’ai pu y retrouver facilement Corbeilles (c’est le point noir), et y découvrir que la station se trouve au niveau de l’aquifère « Multicouches craie du Séno-turonien et calcaires de Beauce libres ».
Green Tech verte
Ce concours s’inscrivait dans la démarche lancée par le ministère de l’Environnement « Green Tech verte » (un nom magnifique. J’aurais ajouté bio et éco, pour être sûre d’être VRAIMENT comprise. L’Eco Bio Green Tech Verte par exemple). Une démarche qui a permis notamment la naissance récente du DataCentre Green Tech verte d’Orléans. Spécialisé dans la science de la donnée, il a vocation à promouvoir l’ouverture et la valorisation des données publiques environnementales en vue de faire émerger de nouveaux services au bénéfice de nos concitoyens.