Hier, c’était le 8 mars 2018. Une journée des femmes marquée par deux slogans majeurs des féministes argentines : un avortement légal, sûr et gratuit, et la lutte contre les féminicides.
[parallax-scroll id= »1020″]« Les riches avortent, les pauvres meurent »
L’avortement est encore interdit en Argentine, sauf rares exceptions. Le poids de l’église catholique dans la société y est pour beaucoup. Il y a peu la maman d’un élève de l’école où vont mes enfants a laissé un message sur le groupe whatsapp de la classe. Eh oui, chaque classe a son groupe whatsapp.
Le message de cette maman, c’était une vidéo du discours de Mère Teresa lorsqu’elle a reçu le prix Nobel de la Paix, et où elle était on ne peut plus clairement anti-avortement. « Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître. » Ambiance.
A moi donc de publier une petite vidéo. C’est un « plan lumière« , c’est-à-dire un plan fixe d’une minute, à l’image de tous les petits films qu’on réalisé les Frères Lumière et leurs techniciens envoyés au bout du monde à l’orée du siècle passé. C’est aussi un condensé d’énergie…
500 000 avortements clandestins
Il y aurait environ un demi-million d’avortements clandestins réalisés chaque année dans le pays. Et quelque 500 avortements légaux, réservés aux cas de viol ou en cas de risque pour la vie de la maman. Il y a aussi énormément de très jeunes filles qui ont des enfants : d’après l’Unicef, chaque année plus de 100 000 naissances seraient le fait d’adolescentes mineures, parmi lesquelles environ 3000 seraient des jeunes filles de moins de 15 ans !
La loi pourrait prochainement changer, un projet de loi devant être discuté à partir du 20 mars. Le président Macri (je vais de Macron en Macri!) a en outre promis un débat public sur le sujet. Voir à ce sujet l’article de Libération (d’où viennent aussi mes chiffres). Aborto legal, seguro y gratuito!
Féminicide, kézako?
Quant au terme de féminicide, il est encore peu connu en France hors des milieux féministes. Il est pourtant très utilisé et commun ici, en Argentine et dans le reste de l’Amérique latine. Il désigne les meurtres réalisés sur des femmes en raison de leur condition féminine. Sur la prise en compte ce sujet, le nouveau continent est « en avance » sur son grand frère européen. « Ni una menos », autrement dit « pas une seule en moins », était scandé hier par les féministes.
Et pour finir, une petite image typiquement argentine : le maté, ce thé amer unanimement apprécié ici, aussi indispensable dans une manif que lors d’une sortie entre copines!