En ce moment, c’est-à-dire au mois de mars, c’est le début de l’automne en Argentine. C’est l’époque où fleurit le Palo Borracho. Il doit ce nom très sympathique signifiant « bâton bourré » à la forme de son tronc, qui ressemble souvent à une grosse bouteille.
Pour des Français habitués à voir des platanes, des chênes et des sapins, les arbres d’Argentine si souvent fleuris sont une source d’émerveillement. C’est un magnifique spectacle au-dessus de nos têtes. Mais aussi un danger quand l’œil se met à vagabonder alors que l’on est au volant…
Un arbre moins saoul que l’autre
De son nom scientifique Ceiba speciosa ou Ceiba chodattii, le Palo Borracho est typique du nord de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil méridional. Les deux sortes de Ceiba sont quelque peu différentes. Le speciosa porte des fleurs roses-jaunes et c’est celui qui a le tronc vraiment rebondi, alors que le chodattii a des fleurs blanches et présente un tronc plus droit. Les deux sortes se succèdent souvent au bord des rues de Córdoba. Dans la nature, le speciosa préfère les zones plus humides, le chodattii les terrains plus drainés.
Un Français au Brésil
L’arbre a été décrit pour la première fois par le botaniste français Auguste de Saint-Hilaire au début du XIXème siècle, suite à ses voyages au Brésil. Il est désormais possible, grâce à un travail conjoint de scientifiques français et brésiliens, de voir en ligne les pages de l’important herbier constitué par cet explorateur. Et d’y retrouver les échantillons de Ceiba Speciosa rapportés d’Amérique du Sud.
Epines et coton
Le Palo Borracho a un tronc verdâtre, surtout lorsqu’il est jeune. Quand il perd ses feuilles en période sèche (l’hiver, donc entre juin et septembre), son tronc peut ainsi continuer à réaliser la photosynthèse.
Enfin, les ceiba sont couverts d’épines. C’est souvent le cas des arbres natifs d’Argentine, dans lesquels il vaut mieux éviter de grimper avant d’avoir vérifié si on n’allait pas s’arracher la peau.
Quand aux fruits, ce sont des grosses coques. Lorsqu’elles explosent vers le mois d’octobre, elles produisent en abondance une sorte de coton. D’où les autres noms populaire de l’arbre, « algodonero » (cotonnier) ou « arbol de lana » (arbre à laine). Ce coton est parfois utilisé pour rembourrer des coussins ou pour isoler des habitations.